Le 14 mai 1405, peu avant cinq heures de l’après-midi, le feu éclate à Bern à la Brunngasse. En quelques minutes, les flammes, attisées par un violent vent du nord, atteignent la rive opposée de l’Aar. 650 maisons en bois sont incendiées et 100 personnes trouvent la mort. Toutes les villes avoisinantes récoltent de l’argent et envoient des hommes au secours. L’aide des Fribourgeois est admirable: durant deux mois ils déblaient les décombres sous la direction de leur conseiller municipal N. Gambach et restituent loyalement tous les objets de valeur qu’ils trouvent.

Une légende naissait il y a 60 ans dans une salle d’école de Bern. Selon celle-ci, les Bernois auraient, à partir de cette époque, permis aux Fribourgeois de vendre leurs oignons tous les automnes en ville de Bern. Le premier marché aux oignons aurait ainsi vu le jour en 1406. La chronique de la ville par Conrad Justinger, qui a vécu l’incendie, ne mentionne toutefois nulle trace de ces remerciements à travers la vente d’oignons. Cela aurait d’ailleurs été bien ingrat! Où les cent sauveurs Fribourgeois, tous citadins, auraient-ils pris des oignons pour un marché annuel? A cette époque, les monocultures n’existent pas encore dans le Seeland. En outre, les Bernoises cultivent elles-mêmes les légumes derrière leur maison, et lorsque la récolte est insuffisante, elles achètent des oignons au marché hebdomadaire de la Zibelegässli.

Le Zibelemärit voit le jour beaucoup plus tard. Au 18è siècle, des paysannes apportent les légumes qu’elles cultivent au-dessus du lac de Morat, sur le Mont Vully, sur les marchés de Fribourg, Morat et Neuchâtel. Vers 1850, ces «Marmettes» font également leur apparition, d’abord presque inaperçue, à Bern le premier jour de la foire de quinze jours de la St. Martin, où elles vendent principalement des oignons mais aussi des endives, des poireaux, des céleris, des radis noirs, des noix, des châtaignes ainsi que des fruits à noyaux et à pépins. Grâce à l’excellente qualité des produits et à la gaité de ces sympathiques vendeuses, le nouveau marché aux légumes prend rapidement de l’essor. Dès 1860, les journaux vantent le Zibelemärit qui marque le début de la foire.